Le marché asiatique détient le monopole du sucre

  • Création : 27 avril 2007
Entre les paysans indiens qui se sont mis à produire de la canne à outrance et les jeunes yuppies chinois qui consomment nettement moins de douceurs que ce que laissait supposer la hausse de leur pouvoir d'achat, le marché du sucre y perd son latin : comme sur les autres marchés de matières premières les géants de l'Asie jouent les trublions dans le commerce du sucre, là où on ne les attendait pas.

  Si les cours ont été divisés par deux depuis le plus haut atteint en février 2006, c'est surtout parce que la bulle de l'éthanol s'est évaporée pour se reformer sur le marché du maïs.

  Cette semaine, à New York, les cours sont retombés au niveau de juillet 2005, à 9 cents 42 la livre. Faisant enfler les cours, les promesses de l'éthanol ont regonflé à bloc les producteurs qui, du coup, proposent cette année une offre en excédent de 8 millions de tonnes par rapport à la demande mondiale, alors que le marché était en déficit de 5 millions de tonnes la campagne précédente.

  L'augmentation de la production du champion brésilien qui domine, également, la production d'éthanol à base de canne n'est pas une surprise, en revanche l'embellie indienne surprend.

  En trois ans, la production indienne a doublé, elle doit atteindre cette année 28 millions de tonnes. Un négociant européen s'attend encore à une excellente campagne indienne en 2007/ 2008 puis à un repli très net de la production consécutif à la baisse actuelle des cours.

  L'autre géant de l'Asie, la Chine dont la voracité en matières premières est devenue légendaire a aussi déjoué tous les pronostics. Non seulement sa production a été supérieure à ce qu'on attendait, mais surtout sa demande n'a pas été à la hauteur des prévisions.

  La consommation individuelle, c'est-à-dire le morceau de sucre ajouté au thé par exemple n'y est pas pour grand-chose, mais c'est l'attitude de l'industrie qui a été décisive : sensibles au coût de production les limonadiers chinois ont délaissé le sucre bien trop cher à leur goût, ils lui ont préféré le sirop riche en fructose issu du maïs pour leurs boissons gazeuses ou bien la saccharine que produit encore la Chine alors que la substance cancérigène a été bannie dans de nombreux pays.

  Du coup les achats chinois qui complètent les importations fixes de sucre cubain n'ont pas été à la hauteur des espérances des pays exportateurs. Là encore la situation n'est pas figée, la bulle éthanol étant transférée sur le maïs, les industriels chinois vont sans doute revenir bientôt au sucre si peu cher actuellement sur le marché mondial.

  Dans le même contexte  ,l'Europe prépare avec les ACP les Accords de partenariat économique (APE) qui doivent entrer en vigueur l'année prochaine. Pour débloquer de difficiles négociations, l'UE est prête à lâcher du lest : à l'image de l'initiative Tous sauf les armes, elle ouvrirait librement, dès le 1er janvier 2008, son marché aux productions de ses partenaires.

  En ce qui concerne le sucre, elle propose une phase transitoire qui se déroulerait en deux étapes. Cette procédure offrirait des traitements différenciés selon que le pays concerné soit ou pas déjà impliqué par l'initiative Tous sauf les armes.

  Rappelons que cette mesure permet aux PMA (Pays les moins avancés) un accès au marché européen sans droits de douane et sans quota de leurs productions, avec une clause particulière pour le sucre (ouverture totale à partir du 30 septembre 2009).

  On devrait en savoir un peu plus après la conférence ministérielle spéciale sur le sucre qui aura lieu aux îles Fidji du 30 avril au 4 mai, où la question sera débattue. Son annonce a été accueillie avec inquiétude à Maurice qui est, parmi les pays ACP, celui qui fournit le plus de sucre à l'Europe. L'arrivée de concurrents (tels que les concurrents asiatiques) potentiels pourrait la désavantager.

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