A deux semaines à peine du mois de Ramadan, les prix des principaux légumes (tomate, oignons, pomme de terre, carotte...) ont enregistré de véritables envolées sur les étals des marchands. Quelles sont les raisons de cette hausse des prix ? Un petit tour dans les commerces casablancais en donne une première idée.

«Cette augmentation est estimée à plus de 15% (de 0,50 à 2 DH) sur la plupart des fruits et légumes mis sur le marché», indique un commerçant de la place.
Certains vendeurs rejettent la faute sur les grossistes qui proposent cher leurs produits. «Nous sommes obligés de faire de même», affirme un vendeur. Cette hausse se traduit par une facture salée pour le panier de la ménagère. «Même si j'étais milliardaire, je n'achèterais pas des tomates ou des pommes de terre à 10 DH/kg!», confie une quadragénaire qui s'approvisionne au marché Bourgogne. «Tout a augmenté. Nous sommes bien obligés de suivre», se résigne une autre cliente d'une grande surface. «Je profite de mon week-end pour acheter les produits de Ramadan et aussi les fournitures scolaires », ajoute-t-elle. Contacté par L'Economiste, Mohamed Zahidi, secrétaire général de l'Apefel (Association marocaine des producteurs exportateurs de fruits et légumes), attribue cette hausse à la vague de chaleur qui a marqué les mois de juillet et août. Pour ce professionnel du secteur, les marchés et les souks se heurtent également à une faiblesse de l'approvisionnement. Ce qui laisse libre court à la spéculation.

Ainsi, ce sont les productions sous serre qui sauvent en partie la situation. «Le secteur a connu une longue période de bas prix. Ce qui a incité les vendeurs à augmenter les prix ces dernières semaines», commente Zahidi. Pour septembre et octobre, «il y aura probablement une pénurie de tomate», avertit le SG de l'Apefel. Conséquence: le prix de la tomate atteindrait 7 à 8 DH durant le mois sacré.

Quelques fruits, comme le raisin, ont été aussi affectés par la vague de chaleur, mais «ils seront disponibles», poursuit Zahidi. En ce qui concerne les légumineuses: «Nous dépendons de l'étranger via les accords de libre-échange avec l'Egypte, la Turquie, les Etats-Unis et le Canada», indique-t-il. C'est la région du Souss qui prend le relais pour les prochains mois. La région couvre 50% de la production à l'export et autant localement.
«Cette hausse ne dépassera pas la première semaine du mois de Ramadan», rassure Mohamed Sebki, directeur du marché de gros à Casablanca. Ce dernier conseille toutefois au consommateur de s'approvisionner normalement.

«Actuellement, le prix de la caisse de tomate au départ d'Agadir se situe entre 30 et 70 DH», selon Sebki. Ce qui fait qu'elle sera vendue à 2,50 DH le kg sur le marché de gros. Son prix de revient à Casablanca tournera autour de 6 DH le kg, frais de transport compris. «Le prix diffère aussi d'un marché local à un autre, en l'absence de contrôle», fait remarquer le directeur.

«La production de la pomme de terre connaît aussi une insuffisance de production, à cause de la sécheresse. Ce sont les pommes de terre du frigo qui répondent aux besoins du consommateur», ajoute Sebki. C'est pareil pour les pommes qui ont été produites en petite quantité (Fès, Meknès, Marrakech, Azrou...).
Balade dans certains marchés de Casablanca. Les prix varient en fonction des quartiers (Bourgogne, Maârif, Derb Soltane...). Exemple: le prix de la tomate oscille entre 2 et 6 DH. Le prix change aussi d'un marchand en boutique (5 DH) à un autre ambulant (2 DH). Les marchands mettent cela sur le compte de la «qualité».

Pour d'autres,«le marché intérieur, particulièrement désorganisé, est la proie des spéculateurs».
Outre la tomate, la pomme de terre, l'oignon et la carotte ont également connu des hausses. Pour la pomme de terre, son prix au détail a atteint les 6 DH contre 3 et 4 DH auparavant, alors que le prix de la carotte est de 4 à 7 DH. Les oignons, eux, se vendent entre 2,50 et 3 DH (le prix était de 1,50 DH). “Plusieurs clients ayant l'habitude d'acheter une grande.