La Banque mondiale lie la réforme de la filière céréalière à celle du secteur agricole.

  • Création : 21 avril 2006
Les minotiers souhaitent une révision des marges de mouture en vigueur depuis 1988
Sur les 27 produits et services dont les prix sont encore soutenus et/ou administrés, au moins trois le resteront au-delà de juillet 2006, date théorique de libéralisation des prix fixée dans la loi sur la concurrence et les prix : le butane, le sucre et la farine nationale de blé tendre (FNBT). L'enveloppe destinée à subventionner ces produits est d'ailleurs prévue dans la Loi de finances pour 2006.
 
Si pour le butane et à un degré moindre le sucre, le statu quo était prévisible, il en est autrement de la FNBT dont le soutien est jugé non seulement inefficace mais en plus générateur de difficultés pour l'industrie de la minoterie. Bien plus, une réforme transitoire de la filière, préparée par les ministères des Affaires générales et de l'Agriculture, en concertation avec les professionnels du secteur meunier, devait démarrer en juillet 2004. Sans succès. Depuis, les professionnels espéraient que l'échéance de juillet 2006 allait, enfin, être l'occasion de concrétiser cette réforme.
En effet, contrairement au gaz butane, par exemple, dont le démantèlement de la subvention n'aurait d'impact que sur les consommateurs des couches populaires les plus fragiles, la libéralisation de la filière FNBT, elle, aurait des retombées non seulement sur les consommateurs mais aussi sur les producteurs de cette catégorie de blé, sur les organismes stockeurs et peut-être même sur certains minotiers. C'est pourquoi, au ministère des Affaires générales, l'idée est d'inscrire cette réforme dans le cadre plus général de celle du secteur agricole. Cette approche est aussi préconisée par la Banque mondiale.
 
Après un séjour au Maroc du 18 au 28 avril 2005, la mission de la Banque mondiale avait en effet conclu, dans un mémorandum non encore publié, que cette réforme comportait certes des aspects positifs mais était également de nature à générer des «conséquences néfastes» à trois niveaux :
  1. sur la production : selon la Banque mondiale, les plus petits producteurs seraient affectés négativement par les exigences très élevées de la filière en matière de qualité et d'homogénéité des livraisons. Il est en effet connu que les producteurs de blé tendre sont de petits agriculteurs, opérant sur des superficies très réduites et disposant de peu de moyens. Résultat, leur production est souvent de qualité moyenne voire médiocre, ce qui explique que l'Etat leur garantit un revenu fixe et élevé au moyen d'une protection à la frontière.
  2. sur la minoterie : il s'agit ici des minoteries qui dépendent en grande partie de la FNBT. Avec la libéralisation et donc l'élimination du système des quotas, celles-ci perdraient l'essentiel de leurs revenus et pourraient même disparaître.
  3. sur les consommateurs : il y aurait un risque à voir les prix augmenter pour le consommateur, en raison notamment d'un «comportement oligopolistique potentiel» qui verrait le jour si la filière de la transformation se réduisait à un nombre limité de grandes minoteries industrielles.
A partir de là, la Banque mondiale estime qu'il serait préférable que le Maroc prépare une réforme de la filière céréalière comme première étape d'un processus de mise à niveau de l'économie agricole.
 
Les Objectifs de cette  réforme !
Tout le problème de la libéralisation de la filière du blé tendre réside à ce niveau : comment introduire la concurrence dans ce secteur, protéger les agriculteurs et bien sûr ne pas faire reposer les conséquences d'une telle ouverture sur le consommateur ? Le mémorandum de la Banque mondiale s'y est penché en fixant d'abord les objectifs de la réforme et en proposant les outils pour la réaliser. Les objectifs : l'augmentation de l'efficacité de l'agriculture; une plus grande efficacité des ressources budgétaires destinées au soutien du développement rural ; l'amélioration du pouvoir d'achat des consommateurs. Concernant les outils, la Banque propose l'élimination pure et simple de la subvention de la FNBT, mais en même temps une réduction de la protection tarifaire afin d'éviter toute augmentation des prix à la consommation ; et un accompagnement de la réforme en vue d'aider les segments de la population les plus vulnérables.

Source Ministère de l'Agriculture et Banque Mondiale 

Fatou DIAGNE


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