«Depuis l’élection du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, une importance capitale a été accordée au secteur agricole», a souligné l’expert en agriculture, Laâla Boukhalfa. Pour lui, cette orientation stratégique place l’agriculture au centre du développement économique national, avec un objectif majeur : «atteindre l’autosuffisance et garantir durablement la sécurité alimentaire du pays».

L’expert rappelle que «l’Algérie couvre aujourd’hui près de 75 % de ses besoins en fruits, légumes, viandes et produits maraîchers». Toutefois, la dépendance demeure pour certains produits stratégiques comme les céréales, les viandes rouges, le sucre, les huiles et la poudre de lait. «Ces importations pèsent lourd sur les finances publiques, à hauteur de 10 à 11 milliards de dollars par an», précise-t-il. Un vaste programme de cultures stratégiques a ainsi été engagé, particulièrement dans le Grand Sud, où se conjuguent terres fertiles, ressources hydriques et ensoleillement abondant. «De nombreux opérateurs nationaux et étrangers s’intéressent à la valorisation agricole», explique Boukhalfa, citant le Qatar qui s’est engagé sur un projet de 117 000 hectares pour la production de céréales, de fourrage, de lait et de viande rouge. «Ce projet de 3,5 milliards de dollars permettra de produire 1,7 milliard de litres de lait cru et de créer 5 000 emplois», détaille l’expert. «Mais le plus important reste le transfert de technologies agricoles innovantes, notamment l’irrigation intelligente, qui permet d’économiser jusqu’à 80 % d’eau.»

L’entreprise italienne Bonifiche Ferraresi (BF) a également investi dans un projet de 36 000 hectares dédié au blé dur et à ses dérivés, pour un coût de 420 millions de dollars. «Ce partenariat illustre la complémentarité entre deux pays spécialisés dans la culture du blé dur», note Boukhalfa. Une partie de la production sera transformée localement, notamment pour l’exportation de couscous et de pâtes. L’expert estime que les nouvelles orientations permettront de porter le rendement des céréales de 17 à 45 quintaux à l’hectare en cinq ans. «C’est un bond décisif : si nous parvenons à améliorer la productivité et réduire les coûts, ce sera une véritable révolution agricole », dit-il.

À ce propos, Boukhalfa évoque la Conférence nationale sur la modernisation du secteur agricole, organisée les 27 et 28 octobre à Alger, sous la présidence du ministre de l’Agriculture. «Les discussions confirment la priorité donnée à la filière céréalière, avec un objectif clair : atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici cinq ans », précise-t-il. L’expert évoque aussi le développement parallèle d’autres filières : «Les investissements récents dans les vergers — raisin, agrumes, pomme — ont amélioré la disponibilité et la qualité des produits sur le marché national, avec des prix plus abordables. Certaines régions vendent le raisin à 50 DA le kilo, voire moins.» Il souligne enfin la modernisation des capacités de stockage où «un programme ambitieux prévoit d’atteindre 90 millions de quintaux».