Nous sommes devant une équation difficile», a reconnu hier le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El Mahdi Oualid, dans son discours à l’ouverture de la conférence nationale de sur la modernisation de l’agriculture. 

Les défis à relever dans un  secteur dont dépend la sécurité alimentaire du pays sont importants mais en parallèle, les conditions ne sont pas totalement réunies notamment pour ce qui est de l’utilisation des nouvelles technologies et de la modernisation de la gestion du secteur dans ce contexte de changements climatiques. «Les retards sont importants», a encore souligné le ministre appelant à une véritable révolution agricole. 

«La numérisation est une nécessité absolue», estime le ministre dans ce cadre, soulignant également l’urgence de revoir la structuration des institutions relevant du secteur. Et ce, dans le but d’accompagner la feuille de route en phase de préparation pour «une agriculture moderne et durable».  Une feuille de route dans laquelle le département de l’Agriculture travaillera entre autres sur l’amélioration des rendements dans les filières stratégiques. Le ministère table en effet au cours des cinq prochaines années sur un rendement moyen de 40 quintaux de blé à l’hectare pour garantir la sécurité alimentaire de 65 millions d’habitants, tout en développant l’exportation. 

Pour réaliser ces objectifs, le ministère de l’Agriculture mise sur la généralisation des semences améliorées et la modernisation des pratiques agricoles. Et ce, en associant activement le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur dans cette démarche qui se veut un nouveau départ pour l’agriculture algérienne. «Nous sommes ici pour poser la première pierre d’un véritable changement qualitatif dans notre secteur. Nous voulons redonner à la terre sa valeur, au fellah sa dignité et au citoyen sa souveraineté alimentaire», a résume Yacine El Mahdi Oualid devant les participants à cette rencontre entre  anciens ministres du secteurs, experts, chercheurs, professionnels des différentes filières, opérateurs économiques et  représentants d’organisations internationales. 

Transition numérique

Le ministre annoncera également le prochain lancement d’un système numérique unifié dédié au secteur pour garantir la fiabilité de l’information agricole. En effet, la transition numérique et la mise en place d’un système d’information agricole intégré sera au centre des débats lors des ateliers prévus à cette occasion. Au nombre de huit, ces ateliers portent  globalement sur l’intensification et l’amélioration de la production dans les filières stratégiques, à la gestion durable des ressources hydriques agricoles, la modernisation à travers la mécanisation et l’agriculture intelligente, en plus du financement, de l’assurance agricole et de la couverture sociale. Le développement des filières agricoles et l’organisation des marchés, la clarification et la régularisation du statut foncier des exploitations agricoles, ainsi que la réforme institutionnelle et la modernisation de la gouvernance du secteur sont également au menu de cette rencontre. 

Ce sont autant de dossiers dans lesquels les attentes sont nombreuses, notamment du côté de l’Union nationale des paysans algériens. Abdelatif Dilmi, secrétaire général de l'Union a cité entre autres le règlement de la question foncière, la réforme des subventions agricoles, l’organisation des espaces de stockage, le choix des semences, l’approvisionnement du marché et l’élaboration d’une base de données statistiques. M. Dilmi a regretté dans ce sillage «l’absence d’une stratégie  agricole» qui prend en considération la question foncière. 

De son côté, le président de la Chambre nationale d’agriculture, Mohamed Yazid Hambli, a appelé à la valorisation de la ressource humaine dans ce contexte de changements climatiques. «La durabilité de notre agriculture est en danger», a-t-il avertit. D’où la nécessité de numériser et d’utiliser les nouvelles technologies au service du monde agricole. Cette rencontre marque, selon lui, l’amorce d’une transition vers la modernisation dans un cadre de coordination.      

Source:https://elwatan-dz.com