L’aquaponie, De nouvelles opportunités pour l’aquaculture et l’agriculture

  • Création : 20 mai 2016

L’aquaponie – combinaison entre l’aquaculture et l’hydroponie– s’est développée dans un premier temps en réponse aux problématiques levées par l’aquaculture intensive. Elle peut également devenir une voie de développement alternative à l’agriculture conventionnelle. 

 

La croissance de la population mondiale et de la demande des pays émergents ont entraîné une intensification des pratiques d’élevage aquacole ...

« L’aquaculture s’est développée de manière exponentielle au cours des trois dernières décennies afin de faire face à la croissance de la demande mondiale de poissons, provoquée en partie par le développement des pays émergents. La Chine est de ce fait devenue le premier producteur aquacole avec 57%[2] de la production mondiale. » explique Mathieu Dublanchy, Responsable de mission chez Alcimed. En 2014, la consommation humaine de produits aquacoles a dépassé pour la première fois celle de la pêche sauvage[3] (10,3Kg/personne vs. 9,7Kg/personne). Cette tendance devrait se poursuivre : d’ici 2030, 2 poissons sur 3 seront produits hors pêche2.

 ...et ont provoqué dans le même temps des problématiques environnementales

 

Cependant, le développement rapide de l’aquaculture pour des espèces à haute valeur sur le marché (saumons, crevettes…) a déjà donné lieu à une dégradation de l’environnement. En effet, 70% de l’aquaculture mondiale s’effectue dans des installations à terre[4], pouvant affecter l’environnement naturel autour des sites. D’importantes quantités de déchets organiques et d’eaux usées sont libérées par les élevages. Par exemple, l’ensemble des fermes écossaises d’élevage de saumons rejette chaque jour autant de déjections que les 600 000 habitants d’Edimbourg[5]. De plus, la concentration d’animaux peut être telle que de nombreux parasites et maladies se développent autour des zones d’élevage, affectant l’environnement direct des bassins. L’élevage intensif côtier, quant à lui, peut affecter la composition chimique de l’eau et entraîner une croissance rapide et intempestive d’algues pouvant être mortelles pour certains animaux et dommageables pour l’homme. En plus des dommages pouvant causés à certains écosystèmes, l’aquaculture intensive peut provoquer une pression sur les espèces sauvages, notamment via les poissons fuyant les élevages côtiers.

Face aux problématiques environnementales et sanitaires créées par l’intensification de l’aquaculture, l’aquaponie représente une alternative plus écologique

 L’aquaponie est une combinaison entre l’aquaculture et l’hydroponie (culture hors sol des plantes grâce à de l’eau enrichie en matière minérale). On en retrouve des traces chez les Mayas deux millénaires avant J.C. Le procédé consiste à recréer un écosystème dans lequel les déjections de poissons servent d’engrais naturel aux plantes. Des bactéries, introduites par l’Homme, permettent de transformer l’ammoniac contenu dans les déjections en nitrate assimilable par les plantes. L’aquaponie permet de pallier les principaux problèmes soulevés par l’aquaculture. En effet, les déjections de poissons ne sont pas déversées dans la nature, et l’eau circule en circuit fermé tout en étant entièrement recyclée. L’attrait de l’aquaponie réside donc dans son aspect non polluant, dans les économies d’eau (pouvant aller jusqu’à 90%), et dans le fait qu’il n’y ait qu’un besoin limité en engrais chimiques pour la croissance des végétaux. Depuis une trentaine d’années, le développement de l’aquaponie s’est surtout amorcé en Australie, aux Etats-Unis, au Canada et au Japon (e.g. 80% des aquaponiculteurs sont aux Etats-Unis[6]). Les principales productions réalisées sont celles de truites, en combinaison avec celles de tomates, et de salades. L’avantage de l’aquaponie est qu’elle peut être pratiquée partout, aussi bien en campagne qu’en milieu urbain. 

L’aquaponie peut prendre trois formes : domestique, commerciale à petite échelle/proximité (i.e. Urban Farmers, Zurich) ou industrielle (i.e. FarmedHere, banlieue de Chicago, exploitation la plus grande du monde avec 14 000m2). De nombreux acteurs de taille différente évoluent sur le secteur, tels que ECF Farm System (ALL), Grow Up Urban Farm (RU), Culture Aquaponics Inc. (CAN) ou JBA International Agritech (Abu Dabhi). La France, qui ne possède à ce stade que des start-ups ou des porteurs de projets (tels que Osmose, Aquaponie Valley ou Aquaponic Management Project), a 20-25 ans de retard sur l’Amérique du Nord ou l’Australie dans la culture aquaponique.

 

Initialement développée en réponse aux problématiques soulevées par l’aquaculture, l’aquaponie peut représenter une alternative intéressante à l’agriculture traditionnelle

L’aquaponie permet une production agricole organique et écologique, avec un besoin limité d’intrants chimiques. A l’heure où les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits écologiques, l’aquaponie permet aux agriculteurs de satisfaire cette demande. Au plan économique, la production de poissons peut être envisagée parmi les solutions pour faire face à la crise du monde agricole. Grâce aux systèmes de recyclage d’eau, l’économie d’eau générée par l’aquaponie est aussi un facteur important, notamment dans des pays chauds tels que l’Australie où l’utilisation de l’eau est fréquemment contrôlée. Enfin, avec l’aquaponie, le rendement agricole est jugé supérieur à celui de l’agriculture traditionnelle : les plantes prenant racine dans l’eau, ce mode de culture permet un plus grand nombre de plants au mètre carré. Les produits agricoles sont en outre jugés de meilleure qualité nutritionnelle avec par exemple des teneurs en nitrate beaucoup moins élevées. Néanmoins, l’aquaponie connaît aujourd’hui des limites en termes de types de production, les systèmes ne permettant pas de produire de tubercules ou des poissons de mer (espèces les plus demandés). De plus, même si le principe est relativement simple, son exécution reste complexe car elle repose sur l’équilibre de cette biocénose artificielle (agricole, aquacole et bactérien). La maîtrise de cet équilibre est fondamentale pour atteindre une productivité élevée et un bon recyclage de l’eau. Autre point qui mériterait d’être revu : la production aquaponique ne peut bénéficier du label « bio » selon l’actuelle règlementation européenne, qui requiert une pousse en pleine terre. « Encore marché de niche à cette heure, les agriculteurs de demain pourraient dégager de multiples bénéfices de l’aquaponie, aussi bien en termes de rendement qu’en termes de qualité des produits. Dès lors, l’aquaponie pourrait transformer l’activité agricole traditionnelle et conventionnelle, et favorisant l’émergence d’agriculteurs urbains et de circuits locaux et de proximité. » conclut Thomas Paschal, Directeur de la BU Agro d’Alcimed

 

 

 

A PROPOS D’ALCIMED

ALCIMED (www.alcimed.com) est une société de conseil en innovation et développement de nouveaux marchés, spécialisée dans les sciences de la vie (santé, biotech, agroalimentaire), la chimie, les matériaux et l’énergie ainsi que dans l’aéronautique, le spatial, la défense et les Politiques Publiques. ALCIMED s’appuie sur une équipe de 180 collaborateurs, répartis par secteur et capables de prendre en charge des missions extrêmement variées depuis des sujets marketing & ventes (études de marché, ciblage de nouveaux besoins, positionnement d’un nouveau produit…) jusqu’à des problématiques stratégiques (stratégie de développement, recherche & évaluation de cibles d’acquisition, organisation d’une activité, conception / évaluation / déploiement de politiques publiques…). La société dont le siège est à Paris, est présente à Lyon et à Toulouse ainsi qu’en Allemagne, en Belgique, en Suisse, en Angleterre et aux Etats-Unis.

 

 

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